Comme disait le grand chef Alain Chapel, «la cuisine, c’est beaucoup plus que des recettes». En reportage, il y a quelques jours en Occitanie, j’ai découvert un potage de fanes de navets de la Haute Vallée de l’Aude qui pourrait être le plat de résistance du grand débat public organisé le 9 novembre à Toulouse par Libération à l’occasion de la consultation citoyenne sur l’alimentation organisée par la Région.
Car cet humble potage dit tout de nos préoccupations actuelles sur le boire et le manger: il est confectionné à partir de légumes locaux, de saison, et cultivés sans saloperies chimiques qui pourraient empoisonner les feuilles et les tiges et donc notre assiette. Il est aussi un bel exemple de lutte contre le gaspillage alimentaire puisqu’il utilise les fanes de navets et ménage ainsi notre porte-monnaie.
Parce que se nourrir est l’un des premiers et des derniers actes de la vie, la quête du bien manger est d’abord individuelle. Elle suppose des gestes simples mais indispensables en cuisine, comme faire revenir les fanes de navets dans la graisse d’oie. Elle encourage à aller à la rencontre des producteurs, comme ceux du navet de Pardailhan, dans l’Hérault, de découvrir de nouveaux fruits et légumes mais aussi des variétés anciennes et de payer le juste prix aux agriculteurs. La cuisine étant un formidable fil pour dérouler la vie des êtres humains et l’histoire du monde, une fenêtre d’entrée sur les cultures et les modes de vie, la transmission est l’affaire de tous chez soi, dans la cité, entre générations…
Plus que jamais la cuisine est un enjeu majeur pour les hommes et leurs terres car elle allie des thématiques cruciales pour notre avenir comme la production agricole face au réchauffement climatique. La question de l’alimentation doit être au centre de la table à l’école, à l’hôpital, dans les restaurants d’entreprises, dans toutes les formes collectives du boire et du manger car elle permet d’échanger, d’enseigner, de transmettre. Et donc de vivre ensemble.