Sommé par le maire FN Fabien Engelmann de quitter le local que la municipalité lui prêtait jusque-là gracieusement, le Secours populaire d'Hayange a eu toutes les peines du monde à organiser son traditionnel goûter de Noël. Il y a trois semaines, la MJC «Le Couarail» de la ville, qui avait accepté en juillet de lui mettre à disposition sa salle, est revenue sur la décision, au motif que l'association aurait «politisé» l'événement. Raison invoquée : la venue de Julien Lauprêtre, président national du Secours populaire, et de Valérie Trierweiler, marraine du mouvement Copains du monde, aurait risqué d'attirer «les médias et l'opposition hayangeoise qui pourrait s'engouffrer dans la brèche», selon Le Républicain Lorrain. La présidente du Secours populaire d'Hayange, Anne Duflot-Allievi, a donc dû trouver une nouvelle salle prête à accueillir le «Père noël vert», le 20 décembre prochain, qui viendra bien gâter les enfants, mais dans une commune limitrophe, à Nilvange. Entre-temps, la MJC Le Couarail avait à nouveau changé d'avis, arguant un «malentendu». La responsable départementale du Secours populaire, Marie-Françoise Thull, avait aussi alerté le président des MJC, lequel a tenu à rappeler que l'éthique des MJC et du Secours populaire étaient la même.
Si le goûter de Noël 2016 aura bien lieu à Nilvange - il y aura un magicien, des conteurs, des chocolats et des jouets -, un événement similaire devrait finalement être organisé quelques jours plus tard à la MJC Le Couarail, histoire de montrer que «l'incident est clos». «Je ne condamne pas du tout», dit Marie-Françoise Thull, refusant d'acculer la présidente de la MJC Le Couarail, Delphine Nigro. À Hayange, en revanche, certains craignent que celle-ci ait pu subir des pressions de la mairie - ce que celle-ci nie farouchement - tant l'argument qu'elle avait invoqué, celui de la «politisation» présumée du goûter de Noël, ressemblait fort à celui avancé il y a quelques semaines par Engelmann lui-même pour virer Le Secours Populaire de sa ville. A l'époque (en septembre), l'élu FN avait justifié sa décision en arguant qu'Anne Duflot-Allievi avait «instrumentalisé l'antenne de Hayange à des fins politiques», «en [salissant] par voie de presse […] la majorité municipale, [en répandant sa] propagande "pro-migrants"». En cause, des propos qu'elle a tenus dans les colonnes de Libé en décembre 2015, à propos du goûter de Noël de l'année dernière (déjà) dont les enfants de migrants avaient été exclus sur décision de la municipalité.
Depuis, les relations entre le maire et l'antenne locale du Secours populaire ne se sont pas arrangées : prenant note du refus d'Anne Duflot-Allievi de rendre les clefs du local que l'association occupe toujours, la municipalité a fait couper l'électricité et le gaz, et fait retirer l'enseigne du Secours populaire. L'antenne ne réussit à tourner que grâce aux généreux dons des habitants d'Hayange, lesquels ont prêté un groupe électrogène et quelques radiateurs, histoire de permettre à l'association de continuer à distribuer ses couvertures aux plus démunis, au moins cet hiver. De son côté, Marie-François Thull a déposé un référé pour faire cesser au plus vite la situation.