«Je n'ai rien contre les étrangers mais...» Ce jeudi, à Paris, la présidente du Front national et candidate à la présidentielle 2017 a donné un avant-goût de son programme «patriote» pour l'Education nationale. Elle a prôné la «fin» de la gratuité de l'école pour les enfants d'étrangers. «Je considère que la solidarité nationale doit s'exprimer à l'égard des Français. Je n'ai rien contre les étrangers, mais je leur dis : "Si vous venez dans notre pays, ne vous attendez pas à ce que vous soyez pris en charge, à être soignés, que vos enfants soient éduqués gratuitement, maintenant c'est terminé, c'est la fin de la récréation !"», a-t-elle lancé lors d'un petit-déjeuner «Pop 2017» organisé par l'institut de sondage BVA, sans préciser sur le coup si cette «mesure» concernerait les enfants d'étrangers en situation régulière, ou les autres. Interrogée plus tard par l'AFP, Marine Le Pen a finalement ajouté qu'elle ciblait principalement ces derniers. Elle présidente, l'élue d'extrême droite aimerait donc stopper la «scolarisation des clandestins», selon ses mots, et mettre en place une «contribution au système scolaire de la part des étrangers, sauf s'ils cotisent en situation légale». Plus tard, elle précisera que pour «les enfants d'étrangers en situation régulière», elle souhaite que «l'accès à la gratuité de l'école ne soit autorisé qu'après un délai de carence», dont elle ne précise pas la durée, «au cours duquel, s'ils travaillent, ils auront cotisé».
Outre le fait que les dispositions envisagées par Marine Le Pen iraient à l'encontre de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et de la Convention internationale relative aux Droits de l'Enfant, elles seraient également contraires au droit français, à moins de réformer les lois Ferry de 1881. Ces lois fondatrices établissent en effet la gratuité de l’enseignement primaire dans toutes les écoles publiques, ainsi que leur caractère laïc et obligatoire pour tous. La règle est simple : tout enfant entre 6 et 16 ans doit aller à l’école et y accéder gratuitement. De fait, la nationalité d’un enfant ne peut entrer à aucun moment en ligne de compte, puisqu’en France, les mineurs n’ont pas à justifier de papiers. La situation de leurs parents non plus. En clair, tout enfant sur le sol français doit être scolarisé, quelle que soit la situation dans laquelle se trouve sa famille, que ses parents aient des papiers ou non, un domicile ou non. Même si dans les faits, cette règle n’est pas toujours appliquée, notamment pour les enfants roms. Régulièrement, les associations dénoncent les excès de zèle de certaines municipalités. L’exemple-type : l’agent municipal exige une adresse de domiciliation alors que, selon la loi, une carte d’identité de n’importe quel pays est suffisante pour l’inscription de l’enfant…
Jeudi, la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a rapidement réagi aux déclarations de Marine Le Pen. «Par ces mots, que je condamne avec la plus grande force, Mme Le Pen fait preuve tout autant de son indifférence la plus totale à des situations humainement terribles affectant de jeunes enfants, que sa méconnaissance de tous les principes républicains et de toutes les conventions internationales dont la France est signataire», dit-elle dans un communiqué. «Je tiens à rappeler ici que c'est l'honneur de la République française de garantir aux enfants, à tous les enfants, le droit à l'éducation, c'est-à-dire le droit à un avenir. Le principe républicain d'égalité d'accès au service public de l'Éducation est un principe de droit commun. Il doit s'appliquer à tous, sur tout le territoire, quels que soient leur nationalité, leur statut migratoire ou leur parcours antérieur, sans distinction ni exception».