Certains soutiens de François Fillon y voient la principale faiblesse de leur champion ; pour le Front national, c'est en revanche son principal avantage : le candidat de LR souffrirait d'un irrattrapable déficit de popularité parmi les classes populaires - handicap encore aggravé par la récente «affaire Pénélope». Marine Le Pen se targue, elle, de son lien privilégié avec cet électorat, qui lui accorde régulièrement ses suffrages. La candidate frontiste s'en est allée le démontrer vendredi dans les environs de Valenciennes (Nord).
A Bouchain, la présidente du FN a visité un établissement d'hébergement pour personnages âgées dépendantes (EHPAD); à Denain, elle a présenté une partie de son programme à destination du troisième âge, le détail devant être annoncé dans dix jours à Lyon à l'occasion du lancement officiel de sa campagne. Marine Le Pen a notamment promis de faire de la vieillesse un «cinquième risque» couvert par la Sécurité social, et financé à hauteur de 7 milliards d'euros par la «simplification administrative, la suppression des régions et la lutte contre la fraude».
Etendre la Sécurité sociale, plutôt que d'en réduire la couverture : la candidate n'a pas manqué d'opposer ce projet à celui de François Fillon, qui projette de son côté de confier aux mutuelles la prise en charge de certaines dépenses. «Objectivement ce n'est même plus brutal, c'est inhumain, cela consiste à se désengager, à refuser la solidarité autour de cette Sécu à laquelle nous sommes tous attachés, a dénoncé Marine Le Pen. _Une grande partie de la population ne vit plus, elle survit. Et il y a des territoires qui vivent des situations plus dégradées que d'autres, il faut en tenir compte». _
«Mille roms sur la ville»
La commune de Denain fait précisément partie de ces territoires - et même des communes les plus pauvres de France. Victime du déclin des charbonnages et de l'industrie sidérurgique, elle affiche aujourd'hui un taux de chômage de 33 %, et même de 60 % chez les 18-25 ans. Au premier tour des élections régionales de 2015, le FN y a obtenu près de 48 % des voix. Plus récemment, la maire socialiste Anne-Lise Dufour a qualifié la situation de sa ville d'«intenable, ingérable», évoquant une «ville abandonné» minée par l'absence d'investissements et la prolifération des marchands de sommeil.
Un constat qui manque encore d'audace, juge Marine Le Pen : «Si elle n'a pas le courage de mettre des mots sur ces maux, qui va le faire ?». La frontiste, elle, ose : «Pourquoi y a-t-il un problème de sécurité à Denain ? Parce que je crois qu'il y a mille roms sur la ville. Voilà». Marine Le Pen s'exprimait flanquée de Sébastien Chenu, un ancien membre de l'UMP rallié au FN, et futur candidat du parti dans la circonscription de Denain. Sur le comptoir du bar où a lieu la conférence de presse, trône un petit calendrier format carte postale, où s'affiche un Chenu tout sourire. Y figure aussi l'adresse d'une permanence tout juste ouverte à Denain, et cet appel aux habitants : «Rencontrons-nous».