L'«affaire des assistants» n'a pas fini de peser sur la campagne du Front national. Après avoir été placée mercredi matin en garde à vue, Catherine Griset, une proche collaboratrice de Marine Le Pen, a été mise en examen, a annoncé l'AFP le même jour dans la soirée. Des faits de recels d'abus de confiance sont reprochés à cette amie de la présidente du Front national. Egalement questionné mercredi par les policiers de l'Office anticorruption de la police judiciaire, le garde du corps de Marine Le Pen, Thierry Légier, n'a quant à lui pas été mis en examen.
Invitée mercredi du journal de 20 heures de TF1, Marine Le Pen a comme à son habitude évoqué une machination politique visant à destabiliser sa campagne. «C'est étonnant que deux mois avant la présidentielle il y ait cette très forte actualité judiciaire, a réagi la candidate. Il y a là un risque très lourd d'instrumentalisation de la justice. Nous ne sommes pas dans la sérénité, dans l'impartialité et dans l'indépendance nécessaire à l'administration de la justice».
Emplois fictifs
Voilà bientôt deux ans que l'affaire poursuit le parti d'extrême droite. Celui-ci est soupçonné d'avoir encouragé un système d'emplois fictifs, laissant rémunérer sur fonds européens certains assistants de ses eurodéputés alors que ceux-ci se seraient, en réalité, dédiés à des fonctions internes au Front national. Ce sont d'abord les services du Parlement européen qui, consultant l'organigramme du FN, y avaient constaté la présence de certains assistants frontistes. Assistants «locaux», rattachés à la circonscription d'élection de leur eurodéputé, mais aussi assistants «accrédités», censés travailler avant tout dans les locaux du Parlement à Strasbourg et Bruxelles.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, avait alors saisi l'Office européen de lutte antifraude (Olaf), tout en notifiant ses soupçons à la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Le parquet de Paris avait rapidement ouvert une enquête préliminaire, devenue en décembre 2015 une information judiciaire sur des faits d'«abus de confiance», «escroquerie en bande organisée», «faux et usage de faux» et «travail dissimulé». De nombreuses perquisitions ont été menées par les enquêteurs, notamment au siège du Front national ou dans les bureaux de Jean-Marie Le Pen.
Saisies sur salaire
Concernant Marine Le Pen, l'affaire s'étend même sur la mandature précédente. Le Parlement européen lui réclame d'ores et déjà le remboursement de 340 000 euros. Cette somme correspondant aux rémunérations de Catherine Griset, qui a cumulé entre 2010 et 2016 les fonctions d'assistante parlementaire et de cheffe de cabinet de Marine Le Pen, et de Thierry Légier, garde du corps qui a bénéficié durant trois mois d'un contrat d'assistant à la fin 2011. Marine Le Pen ayant refusé de procéder au remboursement des sommes en question, le Parlement européen réduit de moitié, depuis février, les différentes indemnités versées à l'eurodéputée. Une procédure similaire vise Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen, eux aussi dans le viseur de l'assemblée européenne.
Amie personnelle et ex-belle-sœur de Marine Le Pen, Catherine Griset dispose d'un bureau à côté de celui de la présidente frontiste au siège du parti, à Nanterre. Quant à Thierry Légier, ancien militaire, il a d'abord protégé Jean-Marie Le Pen avant de passer au service de sa fille à partir de 2011.