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Libération
Casus belli

Grand Est : tensions dans le groupe régional de Florian Philippot

Des élus mécontents envisagent la sécession. Avec le soutien de la direction frontiste, assure le «Canard enchaîné».
Florian Philippot le 10 avril à Paris. (Photo Benjamin Cremel. AFP)
publié le 12 juillet 2017 à 13h27

Que se passe-t-il au Front national ? Florian Philippot serait dans le viseur de la direction frontiste, affirme mercredi le Canard enchaîné. Selon l'hebdomadaire, la direction du parti envisagerait de lui retirer la présidence du groupe FN au conseil régional du Grand Est. Un sort similaire à celui qu'a récemment connu son amie Sophie Montel, ex-patronne du Front en Bourgogne-Franche-Comté. La méthode serait la même : susciter la création d'un nouveau groupe, dont ne feraient pas partie Philippot et ses fidèles.

«Une folle hostilité»

Interrogé par Libération, un élu FN du Grand Est accrédite ce scénario, affirmant avoir été, avec une partie de ses camarades, sondé par l'équipe du secrétaire général du FN, Nicolas Bay. La rencontre aurait eu lieu début juillet, immédiatement après la disgrâce de Sophie Montel, lors d'une session de formation à Orly, en région parisienne. «L'idée n'était pas de se lancer tout de suite, mais de se préparer à cette éventualité, affirme cet élu. De se calmer pour l'instant, tout en regardant qui est avec qui.» Pour un élu fidèle à Florian Philippot, la manœuvre, si elle était avérée, «serait d'une folle hostilité, un casus belli certain.» Contacté par Libération, Nicolas Bay conteste quant à lui ce récit, qualifié de «totalement inexact».

Si les élus FN sont appelés à «se calmer pour l'instant», c'est que l'ambiance est saumâtre au sein du groupe FN dans le Grand Est. Comme en Bourgogne-Franche-Comté, celui-ci s'est baptisé «Les Patriotes», un terme dont Philippot rêvait de faire le nouveau nom du FN. Ce dernier a finalement dû se contenter d'en affubler son groupe, ainsi que l'association qu'il a récemment lancée.

C'est cette dernière initiative qui a poussé la conseillère régionale Marie-Hélène de Lacoste-Lareymondie à adresser, le 27 juin, un mail collectif à ses camarades, Philippot compris : «J'ai appris par la presse, comme une partie des membres de notre groupe, la création de ton association Les Patriotes […]. Il n'y a aucune raison pour que notre groupe, qui est bien un groupe FN et non un rassemblement des Patriotes, soit associé de fait à [ton association] […]. Il me semble urgent et nécessaire que notre groupe retrouve le nom et le logo sur lequel nous avons tous été élus.»

«Il fait son discours et puis s'en va»

Message aussitôt approuvé par Fabienne Cudel, autre élue frontiste : «La définition du mot "groupe" n'est-elle pas un ensemble de personnes que réunissent des affinités et des objectifs communs ? Pour ce faire, il faudrait les définir. Car j'ai comme l'impression qu'ils ne sont pas les mêmes pour tous.» Le fonctionnement du groupe serait également en cause. Selon un autre élu, «même des gens mieux disposés envers Philippot considèrent que le boulot n'est pas fait, lorsqu'il arrive au dernier moment, fait son discours et puis s'en va».

Selon nos informations, plusieurs élus, inspirés par le cas Montel, seraient désormais disposés à faire sécession. Rien de compliqué : il suffit, dans le Grand Est, de quatre élus pour former un groupe, un nombre qu'atteignent et dépassent largement les mécontents, parmi les 46 membres du groupe FN. «Je ne retiens personne», aurait récemment répondu Florian Philippot à certains d'entre eux. Contacté par Libération, le vice-président frontiste n'a pas donné suite.