C'est finalement lui qui a fait le choix de la rupture. Florian Philippot va quitter le Front national, il l'a annoncé ce jeudi matin sur France 2 : «Je n'ai pas le goût du ridicule et je n'ai pas le goût de ne rien faire, donc bien sûr je quitte le Front national», a-t-il dit dans l'émission les 4 vérités. L'énarque réagissait à la décision prise mercredi soir par Marine Le Pen de rétrograder ce vice-président du FN à un poste vidé de sa délégation à la stratégie et à la communication. Réduisant cet ancien proche conseiller de la reine dans un rôle de figurant. «Vice-président à rien», a jugé jeudi matin Florian Philippot. L'homme est coupable selon Marine Le Pen de n'avoir pas quitté sa place de président de l'association Les Patriotes, malgré ses demandes, et d'avoir fait preuve de «conflit d'intérêts».
«Florian Philippot, sollicité par mes soins, n'a pas répondu à la demande de mettre un terme au conflit d'intérêts résultant de sa double responsabilité de vice-Président du Front national chargé de la stratégie et de la communication et de président de l'association politique "les Patriotes." J'ai pris la décision de lui retirer sa délégation à la stratégie et à la communication. Sa vice-présidence sera, à compter de ce jour, sans délégation», a-t-elle écrit mercredi soir dans un communiqué.
La structure a été créée par l'énarque entre la présidentielle et les législatives, et nourrissait depuis les rancœurs de certains cadres proches de la dirigeante frontiste. Certains voyant dans l'initiative de Florian Philippot une provocation après la défaite du 7 mai, a minima une déclaration d'indépendance de la part de celui qui a largement pesé sur la stratégie ces dernières années. D'autres l'accusant encore de «semer le trouble et la jouer solitaire». Philippot voyant lui dans ces attaques un «prétexte de plus» de ses adversaires pour le faire tomber, et n'a donc rien lâché. Sa décision intervient après des jours de crise entre Marine Le Pen et son vice-président, où on a vu les deux personnalités politiques se renvoyer la balle par médias interposés.
Florian Philippot va «continuer à faire de la politique», promettent ses proches : «il est plus jeune et plus moderne», que les cadres actuels du FN, croit-on savoir. Et va «chercher à réunir les "patriotes" de tous bords, de droite comme de gauche». Lui a dit jeudi qu'il allait «se battre pour [son] pays». On sait que des discussions sont en cours entre l'énarque et Nicolas Dupont-Aignan, lui aussi souverainiste, lui aussi dans une démarche d'«union des patriotes». Mardi soir, sur RFI, puis mercredi soir sur CNews, Florian Philippot a d'ailleurs fait un appel marqué au député de l'Essonne, lequel avait apporté son soutien à Marine Le Pen dans l'entre-deux tours de la présidentielle et se cherche depuis des alliés dans son idée de «réunion des droites». Mais l'homme n'a pas encore répondu.