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Marine Le Pen a versé 2,4 millions d'euros à son staff pendant la présidentielle 2017

La candidate d'extrême-droite a rémunéré généreusement ses proches collaborateurs aux frais du contribuable. Elle y a consacré 20% de ses dépenses, révèle l'examen de ses comptes de campagne. Un record.
Marine Le Pen à Paris, le 26 janvier 2017. (Photo Laurent Troude. Libération)
publié le 25 mai 2018 à 17h19

Le Front national est bel et bien le premier parti de France, non en termes d'intentions de votes, ni en nombre d'adhérents, mais pour les émoluments qu'il verse à ses collaborateurs aux frais du contribuable. Selon le Parisien, le parti d'extrême droite a payé plus de 2,4 millions d'euros à ses salariés pendant la présidentielle 2017, une somme très largement supérieure aux autres candidats à l'Elysée. Elle représente «20% des dépenses globales» de la candidate Marine Le Pen, écrit le quotidien, qui a eu accès aux comptes de campagne de la dirigeante frontiste dans les locaux de la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

En février, cette institution indépendante avait refusé d'intégrer 873 576 euros aux dépenses de Marine Le Pen pour la présidentielle 2017, sur les plus de 12 millions qu'elle a utilisés, à cause «d'irrégularités» dans les prêts qu'elle a contractés auprès du FN et de Cotelec, le micro-parti de Jean-Marie Le Pen, à des taux potentiellement usuraires. Malgré cette grosse rectification, la plus importante ayant visé un candidat à la dernière présidentielle, ses comptes ont été validés pour 2017, et l'Etat va lui rembourser 10,691 millions d'euros en tant que finaliste du second tour. «Au-delà de la sanction [de la CNCCFP], l'examen des comptes que notre journal a pu consulter révèle des méthodes, certes légales, mais parfois déroutantes», écrit le Parisien.

Le quotidien révèle que, pendant la campagne, les services de Marine Le Pen ont parfois rémunéré jusqu'à 60 collaborateurs en même temps à des montants parfois exorbitants : David Rachline touchait 2 400 euros nets mensuels comme directeur de campagne alors qu'il percevait déjà par ailleurs ses émoluments de sénateur-maire de Fréjus ; responsable de la mobilisation militante, Jean-Lin Lacapelle était rémunéré 7 950 euros, «la palme revenant à l'énarque et haut fonctionnaire Jean Messiha, payé 12 700 euros nets», ajoute le Parisien. «L'idée, c'était d'en salarier le plus possible, puisque c'était remboursé» par l'Etat, raconte un proche de l'alors numéro 2 du Front national Florian Philippot, interrogé par le quotidien. Quitte à faire payer les électeurs ? Interrogée par la presse en octobre au sujet de son augmentation de salaire de 66% cet été en tant que présidente du Front, Marine Le Pen l'avait justifiée en expliquant qu'elle «en avait besoin». Apparemment ses collaborateurs aussi.