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Archives Présidentielle 2002: «Votez escroc, pas facho!»

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Ceux qui n’ont pas voté s’en mordent les doigts et manifestent. D’autres expliquent calmement pourquoi ils ont choisi Jean-Marie Le Pen. Tour de France, le jour d’après.
par Récit de la rédaction
publié le 8 avril 2022 à 9h44

Article publié le 23 avril 2002

Silences, regards lourds, satisfaction rentrée et gueule de bois. A Paris, Abdoulaye, électeur de Le Pen, défend son vote. A Aubervilliers, le frère d’Icham n’a pas supporté que la Marseillaise soit sifflée au Stade de France, en octobre. Les étudiants de Sciences-Po Paris et de l’université Louis-Lumière de Lyon organisent la résistance. Dans le Nord, jadis fief de la gauche, les électeurs expliquent pourquoi, cette fois, ils n’ont pas choisi Jospin. Et à la cité de La Duchère, à Lyon, les jeunes ruminent leur mauvaise conscience d’avoir boudé les urnes. Au lendemain du premier tour, Libération s’est rendu dans les cafés, les cités, à la porte des usines. Témoignages.

Paris, la Goutte d’Or

Rue Myrrha, église Saint-Bernard... Dans ce XVIIIe arrondissement où Jospin devance Chirac et Le Pen est «seulement» à 11 %, des femmes en boubou surveillent des gamins en maillot bleu de l’équipe de France, qui dribblent sur le bitume en rigolant : «Vive Le Pen !» Hier midi, début de cagnard ou gueule de bois. Chez Jean-Claude Quenet, 62 ans, tenancier d’un kiosque à journaux, rue Stephenson, on affiche une belle humanité malgré «quatre agressions, dont une à main armée, en quatre ans de métier». Entre magazines, chewing-gums, ballons de foot et papeterie, Bruno, 34 ans, profil d’aigle et débit haché, «fils de la Ddass et RMIste», attend un logement depuis si longtemps que Jean-Claude, bonne pâte, le dépanne. Ni l’un ni l’autre n’ont choisi Le Pen. Mai