A l’heure de la transition écologique, en partenariat avec la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu), plongée dans les projets et initiatives qui font bouger les politiques urbaines.
Tous les territoires sont concernés par le changement climatique, même si les impacts restent spécifiques à chacun. Pour les territoires littoraux, fortement anthropisés et concentrant une part importante de population, d’activités économiques et une diversité d’espaces naturels, le réchauffement des océans associé à l’élévation du niveau de la mer (un mètre d’ici 2 100 – source Giec, 2 021) augmente les risques d’érosion et de submersion, notamment des zones basses. Les territoires ultramarins sont notamment en première ligne de ces changements, dans un contexte économique et social d’ores et déjà en tension. Dans les massifs montagneux, globalement peu densément peuplés, les impacts du changement climatique s’observent déjà : réduction voire disparition de certains glaciers, dégel du pergélisol, mouvements de terrain, crues torrentielles, baisse de l’enneigement aux altitudes moyennes… Quant aux territoires urbains et densifiés, l’augmentation globale des températures, de la fréquence et de l’intensité des inondations sont autant de paramètres à intégrer pour leur aménagement. L’ensemble de ces dynamiques amènent à requestionner les modèles de développement des territoires.
Les paysages vont fondamentalement changer : selon le scénario de réchauffement climatique mondial à + 4 °C d’ici 2100, la ville de Brest aura le même climat que la ville de Vigo au nord de l’Espagne (https://www.futura-sciences.com). Les ressources naturelles telles que l’eau, jusqu’ici abondantes, vont se raréfier, avec des contrastes majeurs selon les territoires (la ressource en eau renouvelable a diminué de 14 % en France au cours de ces quinze dernières années - source https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/explore2-). Face à ces enjeux systémiques, les acteurs doivent faire face à des décisions d’une portée inconnue. Les solutions sont pour autant possibles, multiples et devront se conjuguer dans une logique de trajectoires d’adaptation en combinant des actions à court terme avec des actions plus structurelles à moyen long terme. Cela pourra intégrer des aménagements intégrant des solutions fondées sur la nature, des constructions temporaires, l’adaptation des filières économiques en tenant compte de leur dépendance aux ressources naturelles, et la protection voire la régénération de ces dernières telles que la qualité des sols, l’eau, les espaces forestiers, la préservation de la biodiversité.
Les besoins en investissements sont conséquents. Il sera indispensable de les cibler, les prioriser, identifier ceux générant le plus d’efficacité, permettant de se donner les moyens de garantir l’habitabilité de nos territoires (accès à l’eau potable, pouvoir se nourrir, logements adaptés, activités économiques adaptées…). Il nous faut pour cela modifier notre façon d’appréhender le modèle économique des projets et des territoires, au-delà des indicateurs financiers aujourd’hui en vigueur. Cela nécessitera de faire évoluer la manière de compter la valeur et de l’objectiver : appréhender la réalité du coût global des projets (intégrer les dépenses d’investissement mais aussi les frais d’entretien, directs et indirects), et ce sur la durée de vie des projets ; identifier leurs capacités à apporter des solutions et les coûts évités (liés à la santé des personnes par exemple), pouvoir aussi et surtout reconnaître et valoriser les services rendus par la nature. Le système assurantiel étant lui aussi contraint de s’adapter au réchauffement climatique, diminuer les risques et les vulnérabilités devient prioritaire. Se prémunir d’une obsolescence prématurée des projets sera également une condition de soutenabilité des modèles économiques et budgétaires dans le temps, nécessaires à sécuriser les financements, en évitant la génération de dette pour les générations futures face au risque d’actifs échoués.
Cela nécessitera d’innover : dans les approches, les méthodes de coconstruction des projets, dans notre capacité à reconnaître les interdépendances (entre territoires notamment) et par conséquent dans les mécanismes de mutualisations, péréquation et solidarités à mettre en œuvre. Ces éléments appellent en premier lieu de se projeter dans de nouvelles représentations, nouveaux imaginaires, dont les mises en récit seront clé.