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Qui a tué Twin Peaks ?

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Avec «Twin Peaks», le film, David Lynch revenait en 1992 pour «Libération» sur les lieux du crime. Pour raconter, au futur antérieur par rapport à la série, la dernière semaine de Laura Palmer. Après le jugement sévère de Cannes, il faisait appel dans cet entretien.
«Twin Peaks : Fire Walk with Me», 1992. (7e Art/New Line Cinema /Photo12 via AFP)
publié le 18 janvier 2025 à 8h20

Cet article a été publié dans Libération du 5 juin 1992. Nous vous le reproposons à l’occasion de la mort du cinéaste, jeudi 17 janvier.

Plutôt que Twin Peaks, j’ai le feu à mes basques (Fire Walk with Me), le film aurait mieux fait de s’intituler : Prolégomènes à Twin Peaks. C’eût été plus drôle et néanmoins exact. Car, au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit : d’une ample préface, contenant les notions préliminaires nécessaires à l’intelligence de Twin Peaks, la série. Une manière d’entrer par derrière – et comme par effraction – dans cet univers-là. Sur le papier donc, un genre de film entièrement écrit dans un temps rare et intéressant : le futur antérieur. Un private film, comme on dit un private joke.

Seulement voilà. Le film est à l’image de son titre pompier et à rallonge. Après un début franchement pétaradant avec Chris Isaak en Dale Cooper bis et blond (et un joyeux pastiche de la scène d’autopsie du Silence des agneaux…), Twin Peaks bascule dans la spéléologie lourde, l’exploration caverneuse des traumas de la gourgandine Laura Palmer… Fétichistes comme ils le sont, les Twin Piqués seront forcément déçus. Dans cette deuxième partie du film, ils auront certainement l’impression que Lynch ne joue plus. Pas plus avec eux et leur con