Encore quelques milliards pour l’homme le plus riche du monde. Elon Musk a obtenu l’autorisation de racheter 96 millions d’actions Tesla au prix de 23,34 dollars, c’est-à-dire leur prix d’exercice au moment de l’adoption du plan de rémunération du patron de Tesla en 2018, a annoncé le constructeur automobile dans un document déposé auprès du régulateur boursier américain ce lundi 4 août.
L’opération vaut le coup pour Musk. A la clôture de la Bourse de New York vendredi 31 juillet, l’action a terminé à 302,6 dollars, ce qui valorise cette rémunération «intérimaire» à quelque 29 milliards de dollars, soit environ 25 milliards d’euros. Une décision visant à convaincre l’entrepreneur milliardaire de ne pas quitter le navire, alors que sa rémunération fait l’objet d’une longue bataille judiciaire.
En janvier 2024, un tribunal du Delaware avait invalidé le contrat de rémunération d’Elon Musk pour 2018, d’une valeur de 55,8 milliards de dollars (48 milliards d’euros), au motif que les actionnaires avaient reçu des informations «erronées» et «trompeuses» au sujet du conseil d’administration et du comité de rémunération, en amont de l’assemblée générale au cours de laquelle le plan a été approuvé. Quelques mois plus tard, le même plan avait à nouveau été validé par Tesla… et à nouveau retoqué par la justice. Face à ce double rejet, Musk a fait appel de cette dernière décision en mars, affirmant que plusieurs erreurs juridiques avaient été commises. Il a été appuyé en début d’année par Tesla, dont le conseil d’administration a créé un comité spécial chargé d’examiner certaines questions relatives à cette rémunération, sans toutefois divulguer de détails.
«Musk reste le principal atout de Tesla»
Tesla se trouve aujourd’hui à un tournant. Le Sud-Africain, son principal actionnaire – avec une participation d’environ 13 % –, se détourne progressivement des véhicules électriques abordables qu’il avait promis pour se concentrer sur les robotaxis et les robots humanoïdes, positionnant l’entreprise comme une société d’intelligence artificielle et de robotique.
Cette nouvelle rémunération vise à renforcer progressivement le pouvoir de vote du PDG, ce que lui-même et les actionnaires ont toujours considéré comme essentiel pour qu’il reste concentré sur la mission de Tesla, a déclaré le comité spécial.
Interview
«Bien que nous reconnaissions que les activités commerciales, les intérêts et les autres exigences potentielles d’Elon en termes de temps et d’attention sont vastes et variés, nous sommes convaincus que cette récompense incitera Elon à rester chez Tesla», a déclaré le comité. «Musk reste le principal atout de Tesla et ce problème de rémunération a été une préoccupation constante des actionnaires depuis le début du feuilleton du Delaware», a commenté dans une note l’analyste Wedbush Securities.
L’entreprise a ajouté que si les tribunaux du Delaware rétablissaient intégralement le contrat de rémunération de son PDG pour 2018, la nouvelle attribution provisoire serait soit annulée, soit compensée, et qu’il n’y aurait pas de «double avantage».
Les actions attribuées à titre provisoire ne seront acquises que si Elon Musk conserve un poste de direction jusqu’en 2027. Elles sont également assorties d’une période de détention de cinq ans, exception faite des impôts qu’il devrait payer sur cette rémunération ou des frais qu’il devrait engager pour couvrir le prix d’achat des actions qu’il doit payer à Tesla.
Des ventes en baisse
Ce beau cadeau intervient alors que le cours de Tesla a perdu environ un quart de sa valeur depuis le début de l’année. La société est confrontée à une baisse des ventes due au vieillissement de sa gamme de véhicules, à une concurrence acharnée et au soutien assumé d’Elon Musk envers Donald Trump, qui ont refroidi certains acheteurs potentiels. Ce lundi, les actions Tesla ont toutefois augmenté de plus de 2 % dans les échanges avant l’ouverture du marché, s’établissant à environ 310 dollars l’unité. Pourtant,
Ces difficultés ont été aggravées par la réduction des aides accordées par le gouvernement américain aux véhicules électriques. Lors d’une conférence téléphonique organisée le mois dernier après la publication des résultats, le milliardaire a assuré que la diminution des subventions pourrait entraîner «quelques trimestres difficiles» pour la société avant que les revenus générés par les logiciels et services de conduite autonome ne commencent à affluer à la fin de l’année prochaine.