Le musée Unterlinden où est présentée aujourd'hui une exposition consacrée à Otto Dix est placé sous la responsabilité de la Société Schongauer dont la principale tâche consiste à assurer la réception moderne du retable d'Issenheim, chef-d'oeuvre absolu de la collection. La manifestation intitulée «Otto Dix et les maîtres anciens» répond parfaitement à cette orientation en plaçant les oeuvres du peintre allemand, mort en 1969, sous l'éclairage d'une véritable lecture historique.
En 1920, Otto Dix participe à la foire dada de Berlin tout en exécutant des dessins à la manière d'Albrecht Dürer. C'est que la dénonciation de la guerre et de ses conséquences durables sur la vie quotidienne des hommes ainsi que la mise en évidence de la difformité physique comme support du grotesque et, partant, de la comédie humaine, sont inséparables d'une recherche qui le hante. Lorsqu'en 1937, les organisateurs de l'exposition nazie consacrée à l'«art dégénéré» condamnent les artistes modernes, dont Morgner, Dix et Kirchner, ils leur reprochent notamment la «barbarie de la représentation», un «mépris délibéré de tous les fondements artisanaux du métier» et une «ineptie totale dans le choix du thème». D'ailleurs, en 1933 déjà, le professeur de l'académie des beaux-arts de Dresde qu'était Dix a été révoqué.
Quelle singulière personnalité que celle de ce peintre connu avant tout comme représentant de la «nouvelle objectivité», la Neue Sachlichkeit et qui, sa vie durant, subit l'attraction des maître