Une anecdote restitue assez bien le climat dans lequel, au siècle dernier, se trouvaient mêlés le goût et l'art du connaisseur, les raideurs de l'institution, le service public et l'intérêt particulier. Un dessin à la pierre noire montrant des Enfants nus montés sur des sangliers est attribué aujourd'hui à Raphaël, alors que quelques-uns parmi les grands «raphaëllogues» du XIXe siècle se querellaient à son sujet. Une fois qu'il eut accédé au rang de conservateur des dessins du Louvre, Roiset, qui était déjà convaincu de la valeur du dessin, s'interdit de continuer sa propre collection et en édita le catalogue afin d'en fixer clairement et publiquement le terme. C'est alors qu'on lui proposa ce carton que les autorités du Louvre refusaient d'acquérir. Il l'acheta pour lui-même, puis proposa de la céder au Louvre qui déclina l'offre une nouvelle fois. L'acquisition de l'ensemble de la collection par le duc d'Aumale a permis néanmoins à ce carton d'aboutir au musée et d'être à présent considéré comme l'une des cinq oeuvres de la main de Raphaël conservées à Chantilly. Si l'influence de Pérugin y est encore fortement sensible, la main de Raphaël est cependant sensible, à la recherche de cette pureté linéaire et du rendu velouté des ombres qu'il affectionne tant.
Antiquité et Bramante. On connaît l'importance du séjour romain pour l'évolution du peintre d'Urbin: il lui permet d'entrer en contact étroit avec l'Antiquité classique en même temps qu'avec la conception