Deux salles de cinéma, un plateau de tournage de 1 000 m2, sept salles de montage, un studio numérique de création sonore, un auditorium de mixage film/vidéo, e tutti quanti" A Tourcoing, la caverne d'Ali-Baba high-tech porte un nom champêtre: école du Fresnoy. Bijou technologique posé en pleine zone de faubourgs sinistrés du Nord. Dix ans de chantier et, depuis le 12 novembre, une première promotion de 24 étudiants sélectionnés sur concours (1). Cap sur deux ans d'études sans égales, au croisement des arts plastiques et du multimédia. En principe" Car les happy few sont entrés dans les locaux pratiquement vides, en raison du retard des travaux qui ont déjà obligé à reporter d'un an l'ouverture de l'école. Contretemps qui n'apaisera pas la polémique sur le coût final du projet: 120 millions de francs pour le bâtiment et 30 millions pour le budget annuel de fonctionnement, dont 23 millions de subventions (2).
Bauhaus de l'an 2000. Si l'aventure du Fresnoy est exceptionnelle, c'est justement par la hauteur de son ambition. Dans le contexte économique et idéologique nivelateur actuel, ce type d'utopie pédagogique tient du miracle à devenir réalité. C'est d'abord le fait d'un homme, Alain Fleischer, plasticien, photographe, cinéaste, écrivain. Artiste polymorphe contacté en 1987 par Dominique Bozo, directeur de la délégation aux arts plastiques sous l'autorité de Jack Lang. «Bozo était pris de doute sur l'évolution des arts plastiques, raconte Fleischer. Il senta