«La voilà, la toile incriminée!» L'oeuvre de Daniel Schlier figure parmi les acquisitions récentes précieusement rangées dans les réserves du Frac Alsace (fonds régional d'art contemporain). Une peinture sur verre travaillée aux doigts, à l'aveugle. Un corps fantôme aux yeux vides sur fond de tourbillons bruns, obsessionnels: Tête mélo avec oiseau (1992). «C'est l'une des peintures stigmatisées par le FN, qui nous accuse de "gaspiller l'argent public», explique Dimitri Konstantinidis, le directeur du Frac Alsace, faisant référence à la récente utilisation de cette toile dans une publication du Front national pour cracher sur l'art contemporain. Avec une pièce de Jean-Luc Vilmouth (Autoportrait 1954-1994, lire encadré) du Frac Franche-Comté et une autre de Daniel Pontoreau (Tas et miroir, 1983) du Frac Lorraine. Les artistes ont porté plainte. Autour, les autres toiles (des Le Gac, Titus Carmel, Merz, Skoda"), toutes solidaires, semblent défier la bêtise.
«Politique culturelle». Gueule de bois d'autant plus rude au lendemain des élections régionales, avec quatre élus de plus pour le Front national en Alsace. «Le problème, c'est qu'ils ont une "politique culturelle, contrairement à d'autres, poursuit Dimitri Konstantinidis. Nous n'avons pas été attaqués directement encore, mais ces élus veulent une culture régionaliste, fermée, qui n'a rien à voir avec notre travail, bien sûr ouvert sur la région, mais aussi sur l'international. Sur les 350 artistes de nos coll