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Critique

Grinsson, une vie couverte d'affiches.

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ARTS. Hommage à l'un des derniers peintres du cinéma.
par Jean SEGURA
publié le 25 août 1998 à 8h15

De 1929 à 1973, Boris Grinsson a peint quelque deux mille affiches de cinéma: Le facteur sonne toujours deux fois, Gilda, les Sept Mercenaires, les Quatre Cents Coups" Aujourd'hui, à 90 ans, le graphiste du Beau Serge et d'Hiroshima mon amour continue de peindre dans sa maison près de Fontainebleau. La ville de Melun (avec le concours de la galerie Intemporel à Paris) lui rend hommage en exposant un choix hélas! limité de ses affiches et maquettes (dont Cape et poignard, la Dame de Shanghai, les Désaxés, L'homme qui en savait trop, la Soif du mal), et cinquante tableaux, dont un portrait de Rita Hayworth.

Né à Pskov, en Russie, en 1907, Grinsson a traversé un siècle d'histoire et de cinéma. Fuyant la révolution bolchevique, sa famille erre entre la Finlande et les pays Baltes avant de se fixer en Estonie. C'est là que Boris entre à l'Ecole des beaux-arts de Tartu. Faute de débouchés, il part, en 1929, pour Berlin, «où l'art graphique était en pleine explosion», et se perfectionne à l'Ecole des arts appliqués. L'Allemagne prénazie est en pleine crise économique, et le jeune dessinateur doit se débrouiller avec des petits boulots, dont celui de figurant dans les studios de l'UFA à Babelsberg. Grinsson ne fera jamais la carrière d'acteur à laquelle il avait songé, mais le cinéma lui donnera du travail pendant plus de quarante ans. En devenant d'abord l'assistant d'un affichiste d'origine lettone, puis dans les compagnies américaines MGM, Paramount ou Universal.

Les maquettes étai