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Libération
Interview

Garouste, grave figure.

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L'artiste revisite «Don Quichotte», métaphore de la peinture.
publié le 5 août 1999 à 0h22

Début 1996, après avoir relu Cervantès, Gérard Garouste commence à travailler une série d'oeuvres à partir de Don Quichotte. Il rencontre alors l'éditrice Diane de Selliers qui lui propose de faire un livre (1). Trois ans plus tard, Garouste a réalisé une centaine de tableaux, gouaches et grands dessins à la mine de plomb, dont une part importante a été présentée au début d'année à Paris, à la galerie Durand-Dessert (Libération du 9 février 1999). Cet été, Le Rectangle, à Lyon, prend le relais avec une sélection d'oeuvres légèrement différentes et un accrochage soigné qui met parfaitement en valeur le superbe travail de Garouste sur la couleur, la figure et le sujet. Sur la peinture en somme.

Qu'est ce qui vous a conduit à travailler sur Don Quichotte?

D'une part, je cherchais un texte fort. D'autre part je suivais les conférences du rabbin Marc-Alain Ouaknin. Un jour, il a parlé du marranisme et a développé le thème de ce qui est caché et révélé à partir d'un livre, en prenant les exemples du livre d'Esther et de Don Quichotte. Car Ouaknin est convaincu que Cervantès était un marranne (juif d'Espagne converti au christianisme par contrainte, et resté fidèle à sa religion, ndlr), ce que je pense aussi aujourd'hui. Cela m'a passionné d'imaginer Don Quichotte sous un autre angle qui, tout d'un coup, fait basculer le roman dans une dimension inattendue. On s'aperçoit alors que tout ce qui est de l'ordre de l'humour est en fait une peau protectrice pour ne pas dévoiler le sens profond du texte. Et que Don Quichotte est la métaphore même du