Irreproductible, d'accord. Mais pas invisible. L'oeuvre de Robert Ryman, probablement un des derniers «plus grands peintres new-yorkais» vivants, est impossible à reproduire, mais magique à percevoir. Depuis quarante ans, il peint sur un même format carré, mais dont la taille varie, et utilise une seule couleur, le blanc, pour faire beaucoup de peintures différentes. Ancien saxophoniste de jazz, Ryman a fait varier toutes les procédures matérielles que la «peinture» renferme: les supports, les surfaces, les techniques d'application, les couches, même les clous pour l'accrochage. Comme il le dit souvent, la question n'est pas de savoir quoi peindre, mais comment.
Comment avez-vous choisi les tableaux pour cette exposition?
Contrairement aux expositions en galerie, où on s'efforce de proposer des productions récentes, j'ai ici la possibilité de montrer des peintures différentes, de la plus ancienne, en 1959, à des tableaux de 1996. A l'origine, Claude Berri, propriétaire de cet espace, voulait montrer les tableaux que j'avais gardés, les invendus des années 50 et 60. Puis l'espace à ma disposition s'est réduit: on a diminué en conséquence le nombre de peintures et, du coup, on a eu le sentiment que le choix était déséquilibré, qu'il fallait des tableaux plus grands. De toute façon, tout change toujours dès la confrontation avec l'espace réel d'une exposition: il s'agit toujours d'expérience concrète, pas conceptuelle.
Comment avez-vous pris la décision, il y a quarante ans, de faire des peintures blanches?
Je n'ai pris aucune décision, ce n'est pas un projet abstrait, et d'ailleurs je ne fais pas de «peintures blanches»! Je fa