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Critique

Morellet système

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De l'art en chiffres au musée Zadkine
publié le 24 décembre 1999 à 2h26
(mis à jour le 24 décembre 1999 à 2h26)

François Morellet est aux arts plastiques ce que Raymond Roussel est à la littérature. Tous deux ont en commun une passion pour les systèmes, de calcul pour le premier, de langue pour le second. A partir de ces systèmes élaborés avec une rigueur toute personnelle, ils développent une oeuvre protéiforme au principe d'engendrement apparemment infini. En outre, tant l'auteur des Géométrees que celui d'Impressions d'Afrique nourrissent pour l'esprit de sérieux et pour les conventions un scepticisme qui se traduit par la présence d'un humour insistant, pas toujours perceptible d'emblée. Ainsi du néon de Morellet s'enroulant autour d'un arbre du jardin. «C'est un néon grimpant vert (!) qui est entre le végétal, Zadkine et un peu moi», explique l'artiste qui s'est installé au milieu des sculptures de son collègue et ancêtre. Ossip Zadkine est mort en 1967; Morellet, alors quadragénaire, était à cette époque membre du Grav, Groupe de recherche d'art visuel, qui faisait parler de lui à grands coups de cinétisme et d'effets lumineux en tous genres.

Ludion. Entre l'amphitryon et son hôte, en dépit de la déclaration de celui-ci et du projet de l'exposition (établir un «dialogue inédit entre ces deux représentants actifs de la modernité au XXe siècle»), aucune parenté, pas le moindre cousinage mais plutôt une rencontre insolite entre un sculpteur cubisto-pathético-primitiviste et un ludion géométrico-ludico-poétique. Mais là n'est pas l'important. Morellet l'invité vient