Aujourd'hui, Jacques Kerchache réalise son rêve: faire entrer les arts primitifs au Louvre. Jouant de sa relation personnelle avec Jacques Chirac, ce marchand d'art africain à la réputation sulfureuse (lire ci-contre) a convaincu le président de la République de forcer les portes du grand musée pour y introduire, dans la lignée des visages cycladiques, des momies égyptiennes ou des paysages de Poussin, l'art africain, océanien et précolombien. Il a aussi réussi la prouesse, impensable dans le monde fermé des conservateurs, d'en prendre lui-même en charge la réalisation. La mise en scène est d'une beauté tragique. Mais dans les coulisses, les dagues sont tirées.
110 chefs-d'oeuvre. Aujourd'hui donc Jacques Chirac inaugure une galerie du Louvre consacrée aux arts dits «premiers» (comme on dit en langage politiquement correct; on nous excusera de préférer l'expression de Félix Fénéon d'«arts lointains»). Dans le pavillon des Sessions ainsi appelé parce qu'au XIXe il était censé accueillir les sessions du Parlement , un espace lumineux au décor minimal, conçu par l'architecte Jean-Michel Wilmotte, abrite une sélection de quelque 110 chefs-d'oeuvre. Plusieurs pièces ont en outre été prêtées pour l'occasion par les musées latino-américains. Les indications sont réduites au strict minimum. Le parti pris est purement esthétique, et de ce point de vue c'est une réussite incontestable.
Louvre ou Branly? C'est la première des interrogations qui donne