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Libération
Critique

Le retour des Barbares

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Design. Garouste et Bonetti, élémentaires.
publié le 24 juin 2000 à 1h47

Quand Elisabeth Garouste et Mattia Bonetti font voler une escarpolette, "elle a l'air minimaliste", dit-elle, mais un patchwork de coussins un peu Tati "dérègle le bon goût ", complète-t-il. Car du bon goût, ce duo de designers-décorateurs, ou l'inverse, s'en balance, depuis vingt ans, avec raffinement, humour... A l'occasion de la neuvième exposition que leur consacre la fidèle galerie Neotu, il est amusant de faire le récapitulatif des adjectifs qui ont été accolés à ces deux illusionnistes : barbares, néoprimitivistes, néobaroques, radicaux-chics, bricoleurs, biomorphistes, ornementaux, subjectifs, rudes, opulents, théâtraux, glamour, "dramaturges des passions"... (1). dans le désordre, ces qualificatifs sont toujours de mises. En huit pièces, Garouste et Bonetti mettent en place un ensemble dépareillé mais harmonieux, car répondant à leur art de travail qui consiste à la fois à appauvrir et enrichir la matière et "à toujours brouiller beaucoup de pistes". En contre-employant la simple céramique émaillée, véritable tour de force pour les céramistes, ils ont fait travailler un guéridon-lampe, à la fonction et au rendu inattendus. Cet objet terrien-onirique pourrait, semble-t-il, être dérangé par une table basse en métal plié, sorte d'estrade qui empile des volumes. Or, pas du tout car un semainier (ou une minicommode?), en feuille d'alu colorée fait le lien, ajoutant au fantasque, grâce à des tiroirs que l'on dirait secrets. Que l'on retrouve sur une armoire, tandis qu'un