La malheureuse affaire des terres cuites nok, issues du pillage du Nigeria et acquises par le musée des Arts premiers, est en train de gâcher le plus ambitieux projet culturel lancé sous le septennat de Jacques Chirac. Et pourtant, quel beau projet. Il faut le redire ici : la sélection d'art primitif au pavillon des Sessions du Louvre est magnifique, aussi bien dans ses choix que dans sa présentation muséographique. Il y a certes des faiblesses, inhérentes au simple fait que cette exposition reflète le goût d'un seul homme, mais l'ensemble en impose. Jacques Kerchache, collectionneur et marchand passionné et passionnant qui a su emporter l'adhésion du président de la République, s'est retrouvé seul maître à bord. Méprisant les ethnologues et les conservateurs, redoutant les journalistes, il a fait de cette aile du plus grand musée de France son salon particulier d'exposition, sous la protection du chef de l'Etat. Le fait du prince sans doute, mais au service d'une cause : imposer une vision esthétique des pièces archéologiques de l'Afrique notamment, dont il est grand connaisseur. Ce faisant, toutes les habitudes ont été bousculées, à commencer par la règle sacro-sainte dans les musées de tenir les marchands à distance, pour éviter toute confusion des genres. Un marchand qui a sillonné l'Afrique des décennies durant est forcément un peu pirate. Jacques Kerchache ne s'en est jamais caché : il a même forgé son personnage autour de ce côté aventurier.
L'affaire des nok porte tou