La National Gallery cherche par tous les moyens à empêcher un tableau de Raphaël qui orne ses murs depuis dix ans de prendre le chemin des Etats-Unis. A sa grande stupeur, la Madone aux oeillets, un des clous de sa collection italienne, a été vendue secrètement par son propriétaire, le duc de Northumberland, au Getty Museum de Los Angeles. Les conservateurs britanniques crient à la traîtrise et exigent de pouvoir exercer leur droit de préemption.
A leur demande, la secrétaire d'Etat chargée des Arts, Tessa Blackstone, devrait aujourd'hui ou demain refuser au duc de Northumberland sa licence d'exportation. «Ce sera une mesure provisoire d'une durée de trois mois à un an», expliquait hier Toby Sargent, l'un de ses porte-parole. Un long répit afin de permettre aux musées nationaux de réunir les 35 millions de livres (52,5 millions d'euros) offerts par leur rival américain. «C'est une somme énorme», reconnaît Toby Sargent. Le tableau appartient au groupe de la Vierge à l'enfant, thème préféré de Raphaël durant son séjour à Florence, de 1505 à 1509, date de son départ pour Rome.
Couloir poussiéreux. La National Gallery considère qu'elle détient un droit de facto, sinon de jure, sur cette Madone aux formes généreuses qui reçoit de la main de l'enfant Jésus un brin d'oeillets. Sans l'intervention d'un de ses conservateurs, elle croupirait toujours dans un couloir poussiéreux aux confins de l'Angleterre et de l'Ecosse. Nicholas Penny, un spécialiste de la Renaissance,