A l'entrée de l'expo, au sixième étage de Beaubourg, on note un petit feuillet écorné scotché au mur du comptoir d'accueil. C'est l'avis de recherche de «Bénédicte», la jeune gardienne du musée dont la disparition a inspiré à Sophie Calle l'une des oeuvres qu'on verra ici. Il dialogue avec son affiche, à elle : autoportrait provocateur et narquois, bien assorti à sa réputation d'exhibitionniste et de voyeuse, pirate de la vie des autres, suivant des inconnus dans la rue, farfouillant dans des chambres d'hôtel, instauratrice de rituels troubles et filmeuse de ses turpitudes à deux (No Sex Last Night, actuellement repris en salles).
Sophie Calle telle qu'elle parade, donc, aussi polémiquée que médiatique, à la fois actrice, narratrice et photographe de ses frasques et auteur incernable. Sa marque de fabrique reste l'association du texte et de l'image, comme elle le note dans la vidéo d'Unfinished (un des clous, hilarant, de cette expo qui réunit pièces anciennes et inédites). Mais elle délègue facilement écriture et prises de vue à d'autres. Truque aussi, peut-être, sous le couvert d'accumulations de documents«preuve». Ou peut-être pas. S'affirme virtuose, quoi qu'il en soit, des mises en abîme ambiguës.
Récits «malheureux». Douleur exquise ouvre le parcours, en trois salles. D'abord, le compte à rebours, estampillé sur 92 jours-images, du voyage qui a précédé une rupture amoureuse : clichés et documents hétéroclites, légendés d'anecdotes tous azimuts (rencontr