La Grande-Bretagne adorait Raphaël. Les préraphaélites anglais, qui, à partir de 1848, s'attachèrent à retrouver une peinture d'avant le maître (1483-1520), ne témoignent-ils pas a contrario de l'adulation vouée au peintre, resté la référence pendant plus de trois siècles ?
Toujours est-il que les musées anglais sont plutôt bien dotés en oeuvres. Du coup, la National Gallery de Londres, forte de l'acquisition, en 2004, grâce à la Loterie nationale, de la Madone des Garofani (1506-1507), et s'appuyant sur d'autres collections britanniques (British Museum, Edimbourg, Norfolk, Oxford, Chatsworth, Salisbury, Windsor), s'est sentie d'organiser une grande exposition Raphaël. Ou, du moins, tenant compte des prêts impensables (à peu près tous les chefs-d'oeuvre du peintre, notamment ses fameuses fresques du Vatican), le musée a gagé d'harmoniser une présentation qui tienne debout. Un handicap supplémentaire a été apporté par le musée du Luxembourg à Paris, qui, fin 2001, fit déplacer quelques tableaux pour Raphaël, grâce et beauté. Il fallut donc cinq ans et plusieurs voyages décisifs, notamment jusqu'au musée de São Paolo, afin de réunir 81 oeuvres pour «la plus importante exposition consacrée à Raphaël en dehors d'Italie» dont la conservatrice Carol Plazotta, une des organisatrices, n'est pas peu fière.
Béret. L'exposition commence avec un autoportrait et se termine en rotonde avec différents portraits, dont celui de Raphaël à nouveau. Le premier (vers 1500) est d