«Il n'y aura pas de laboratoire au musée.» Le propos est d'Anne-Christine Taylor, directrice de... la recherche au Quai-Branly. Contradiction ? L'ethnologue réputée, spécialiste des Amérindiens d'Amérique du Sud, annonce d'ailleurs un «programme scientifique» centré sur «l'anthropologie et l'histoire des arts». Pourtant, sur les 300 000 objets des collections, dont 240 000 en provenance du musée de l'Homme, «90 % ne sont pas, ne seront jamais considérés comme des objets d'art», avertit Pierre Lemonnier, ethnologue, spécialiste des Papous de Nouvelle-Guinée (1). Contradiction ? Si le futur de l'activité de recherche au musée, et l'exploitation des collections ne sont pas écrits, le «rabibochage» du Quai-Branly avec la communauté scientifique, auquel travaille Anne-Christine Taylor, fait partie des défis à relever.
La «véritable histoire du musée» (2) commence en effet dans la douleur. Le prix à payer pour le transfert des quelques milliers d'objets qui seront exposés dans les vitrines, c'est la récupération des plus de 200 000 pièces des collections du labo d'ethnologie du musée de l'Homme. Après avoir refusé durant des décennies les crédits pour leur conservation, l'Etat les dépense d'urgence pour justifier leur enlèvement. Les ethnologues se déchirent. Les uns prennent le parti du Quai-Branly, se disant que, puisque le Prince a décidé, autant aller où l'argent sera. D'autres défendent, sans succès, le concept du musée de l'Homme, son unité avec l'anthropologie biologique et