Il y a dix ans, disparaissait César. Lundi, la Fondation Cartier ouvre une rétrospective qui permettra de revoir l'oeuvre moqueuse de cet aventurier du Nouveau Réalisme. Mais c'est aussi un anniversaire assombri par la confusion entourant son héritage. Sa succession n'est toujours pas réglée, et ce feuilleton se nourrit chaque jour d'épisodes sans gloire : faux et disparitions d'oeuvres, procès en pagaille, tractations en coulisses autour d'un énorme redressement fiscal, le tout sur fond de déchirements familiaux. Très tôt, César (1921-1998) s'est plongé dans la trituration du métal, créant des insectes, des poules ou des nus en fer forgé. En 1960, ses premières Compressions de voitures firent scandale au Salon de Mai. Cinq ans plus tard, il s'orienta vers les Empreintes humaines, de sein ou de pouce. En 1966, nouveau choc, quand il se mit aux Expansions, en faisant gonfler de la mousse de polyuréthane, qui prenait des proportions monstrueuses. Sa production est ainsi traversée d'une inventivité ironique qui va de pair avec la liberté d'esprit de l'époque.
Pingrerie cocasse
Barbe fournie, cigare au bec, César était aussi devenu un histrion de la jet-set, habitué de Vence, installé au Lutetia ou au Stresa, la table italienne la plus chère de la capitale. Ayant connu la misère, ce fils de tonnelier italien en avait gardé une pingrerie cocasse, faisant mine d'avoir oublié son portefeuille quand l'addition venait par malheur à survenir. Mais un artiste qui a souhaité, da