Du 14 mars au 31 mai, Marina Abramovic a passé 700 heures assise sur une chaise au sixième étage du MoMA à New York. L'artiste contemporaine, à qui le musée américain a consacré une importante rétrospective, y a réalisé une performance, The Artist Is Present. Le dispositif est simple : chaque jour, à l'ouverture du musée le matin, Marina Abramovic s'assoit, vêtue d'une longue robe unie, et les visiteurs viennent, un par un, s'installer en face d'elle. Ils se fixent pendant quelque temps, sans échanger aucune parole, jusqu'à ce que le visiteur se lève et laisse la place à un autre. Certains restent deux minutes, d'autres quelques heures. Beaucoup explosent en sanglots. Marina Abramovic joue son rôle de Pythie de Delphes contemporaine et muette. Habituellement, les cartons d'invitation de vernissages sont accompagnés de la mention : « L'artiste sera présent. » Le plasticien présente ses œuvres le temps d'une soirée et s'en va le lendemain, laissant la galerie ou le musée vide. Marina Abramovic, elle, est restée.
Un corps à deux têtes. Souvent qualifiée de « grand-mère du performance art », elle est née en 1946 à Belgrade, dans la Yougoslavie rigide de Tito. Elle étudie les Beaux-Arts et, dès 1973, commence à réaliser des actions où elle pousse les limites de son corps. Elle signe une série d'œuvres, Rythm, dans laquelle elle absorbe des psychotropes, se taillade, se brûle et invite les spectateurs à la malmener –, e
Marina Abramovic, aux larmes et cætera
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L'artiste serbe Marina Abramovic (© Jean-Baptiste Mondino)
par Clément Ghys
publié le 4 septembre 2010 à 15h09
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