En octobre 1928, Citroën présente au Salon de l'auto, sous les verrières du Grand Palais, un nouveau modèle : la C4. C'est une voiture élégante, ses quatre cylindres en ligne sont coulés d'un seul bloc et son refroidissement à eau est facilité par une pompe : c'est une première. Quelques semaines plus tard, le 26 décembre, le peintre Paul Signac écrit à son ami et mécène Gaston Lévy, cocréateur des magasins Monoprix, la lettre suivante : «Mon cher ami, voici l'idée que j'ai ; je vous la communique telle qu'elle m'est venue. Voyez si elle peut vous intéresser. […]. Depuis longtemps je rêve de faire une suite importante d'aquarelles sur "les Ports de France". J'ai relevé 40 ports de la Manche, 40 ports de l'océan ; 20 ports de la Méditerranée. En tout, une centaine.»
Paul Signac aura bientôt 65 ans, c'est un peintre reconnu, pointilliste aux côtés de Georges Seurat, puis théoricien du néo-impressionnisme, et désormais figure établie de l'art. Cet homme arrivé mène une vie plutôt confortable. Sa lettre poursuit : «Pour vous mettre tout à fait à l'aise à ce sujet, je puis vous dire, ce que vous savez d'ailleurs : que je n'ai qu'à faire une centaine d'aquarelles (même sans but défini, et sans les dépenses que comporterait mon expédition) et que j'en trouverais immédiatement le placement fructueux. […] Si ce projet avait votre agrément, je commanderais une conduite intérieure C4 Citroën, je prendrais un chauffeur et je partirais en février pour les ports de la Méditerr