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Critique

«Rachel, Monique» : Calle de mère en fille

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Mémoire . A l’instar du «Nick’s Movie» de Wenders, l’artiste au carnet filme et met en scène au Palais de Tokyo le trépas invisible de sa mère.
publié le 8 novembre 2010 à 0h00

La mort, bien sûr ; nous sommes en novembre, les jours raccourcissent. Sophie Calle, elle, expose au Palais de Tokyo un incroyable bric-à-brac autour de celle de sa mère. Sophie Calle a un regret. Et une belle idée derrière la tête. «Elle s'est appelée successivement Rachel, Monique, Szyndler, Calle, Pagliero, Gonthier, Sindler. Ma mère aimait qu'on parle d'elle. Sa vie n'apparaît pas dans mon travail. Ça l'agaçait. Quand j'ai posé ma caméra au pied du lit dans lequel elle agonisait, parce que je craignais qu'elle n'expire en mon absence, alors que je voulais être là, entendre son dernier mot, elle s'est exclamée : "Enfin".»

Girafe. L'exposition montre un lien, petit tas de grains de sable qui peut unir deux êtres. Et voilà que ce lien sert de guide. Il y a, à l'entrée, ces magnifiques photos de tombe, construites en pierres et en galets posés à même le sol. Tout autour, un décor en démolition de cette salle en sous-sol du Palais de Tokyo. Et sur le mur du fond, une girafe empaillée. «Quand ma mère est morte j'ai acheté une girafe naturalisée. Je l'ai installée dans mon atelier et prénommée Monique. Elle me regarde de haut, avec ironie et tristesse».

Epitaphe. On voit aussi une photo de Monique dans son cercueil. «Avant de fermer le couvercle, sa dépouille a été recouverte des objets suivants : sa robe à pois blancs et ses chaussures rouge et noir, parce qu'elle avait choisi de les porter pour sa mort. Des poignées de bon