Nancy Spero était artiste, féministe et haïssait la guerre par dessus tout. Ces engagements l'ont amenée à réaliser une œuvre politique et poétique très singulière. Une œuvre qui combinait à la fois le dessin et la peinture aussi bien que le collage et l'impression. Elle étudia entre 1945 et 1949 à l'école d'art de l'Art Institute of Chicago. Son diplôme en main, elle part étudier pendant une année (1949 à 1950) à l'Ecole des beaux-arts de Paris. En 1951, elle retourne vivre à Chicago où elle se marie avec le peintre Leon Golub – ils auront trois enfants. De 1959 à 1964, toute la famille retourne vivre dans la capitale française.
Jusqu'au milieu des années 1960, sa peinture reste très sombre. La figure humaine y est dominante : figures debout, corps-colonnes, couples enlacés, constituent son vocabulaire formel pendant près de dix ans. A son retour aux Etats-Unis (1964), elle va abandonner la peinture qu'elle juge trop bourgeoise et trop masculine, lui préférant le dessin, à l'encre et à la gouache. Horrifiée par la guerre que mène l'Amérique au Vietnam, elle va alors se jeter à cor et à cri dans une série intitulée War Séries: au style épuré et aux couleurs diaphanes, elle dénonce avec force et rage «l'obscénité de la guerre» selon sa propre expression. Ici,