A peine s'assied-il à la table du café qu'il sort carnet à dessins et crayons. Rencontrer Joann Sfar implique forcément de discuter avec un type qui, durant une heure, ne cessera de crayonner des petites cases accueillant une histoire bien éloignée de la nôtre. étrange sensation de faire face à un individu pleinement là tant ses propos sont denses mais totalement absent, absorbé par une affaire, qui, l'air de rien, prend de la place. « Je dessine tout le temps, entre douze et vingt heures par jour dit-il. Récemment, j'ai terminé trois pages de BD durant un dîner avec des copains que je n'avais pas vus depuis longtemps. » Les deux enfants de Joann Sfar ont appris à côtoyer un père toujours griffonnant. Sa femme a posé une limite : ne pas aborder, dans ses carnets autobiographiques, des sujets touchant leur intimité. « Je suis un garçon très anxieux. Dessiner me rend heureux. J'ai la chance d'avoir trouvé ce bonheur-là. » Il dit posséder une « énergie terrible » pour dessiner du matin au soir. « En revanche, j'en ai très peu pour le reste. Je suis doté d'une force d'inertie peu commune. »
Son emploi du temps est chargé jusqu'à la gueule, à la mesure de son actualité sur les six premiers mois de l'année. En janvier, il a sorti le tome 2 de Chagall en Russie, un de ses héros personnels. En mars, il sera commissaire d'une exposition sur Brassens – aux côtés de la journaliste Clémentine Deroudille –, à la Cité de la musique à P