Personne n'aurait imaginé, en 1925, année où il l'a brevetée, que l'invention d'Anatol Marco Josepho (1894-1980) dépasserait le XXIe siècle et écraserait ses rivales, les Bosco et autres procédés automatiques. C'est fait. Mieux, le Photomaton (photobooth en anglais), résistant au numérique, n'en finit pas d'agréger un nouveau public, fasciné par cette boîte noire où il est possible de se reproduire illico incognito, sans opérateur. Un tour de prestidigitation instantané, c'est la révolution du Photomaton, l'ancêtre brut du Polaroid, désormais inscrit dans l'esthétique de la photographie.
Amoureux pudiques masqués par le rideau plissé légèrement poudreux. Narcisses en manque de miroir. Anonymes en quête d'un double standardisé pour leur carte d'identité. Artistes inspirés jusqu'au délire… Autant d'attitudes face à la boîte à grimaces, toutes dénichées par Raynal Pellicer pour son Photomaton, un livre joyeux, plein d'anecdotes. Ainsi de ces tabourets-balance qui inscrivaient jadis le poids sur les clichés et qui auraient électrisé Roland Barthes, déjà soucieux du «poids de l'image» dans la Chambre claire : «Rien de tel qu'une photo "objective", du genre "Photomaton", pour faire de vous un individu pénal, guetté par la police.»
malices. Dès son lancement, le Photomaton est un défi. Au temps et à l'argent, «Huit poses en huit minutes pour 25 cents», clame la publicité. Succès immédiat : en six mois d'exploita