Vivons-nous un nouvel âge d’or de la paranoïa ? Le festival d’art numérique Exit, d’ordinaire plus insouciant, présente à la Maison des arts de Créteil vingt-cinq œuvres questionnant notre monde au bord de la crise de nerfs, où tout s’accélère, la science, les technologies, la vitesse de l’information et le cours de l’histoire, créant un sentiment diffus d’insécurité. L’exposition «Paranoïa» est un grand fourre-tout qui recense les peurs actuelles : paysages postapocalyptiques, manipulations génétiques, cyborgisation du vivant, virtualisation des conflits et surveillance généralisée.
Loin de céder à la panique, les artistes détournent ces yeux intrusifs dans des dispositifs souvent drôles ou poétiques. Dès l'entrée, le visiteur est scruté par une caméra et son faciès, sondé par un logiciel d'analyse biométrique, est associé à celui d'un des 250 portraits stockés dans la base de données. En guise de criminels, des personnalités ayant forgé notre culture contemporaine, dont le point commun est le non-conformisme : de Pasolini à Assange, de Steve O à Gainsbourg. Le genre de profil qu'une machine aurait vite fait de classer déviant. «L'époque est schizo, dit son auteur, le Néerlandais Marnix de Nijs, les gouvernements contrôlent de plus en plus le réseau, chacun s'exhibe sur Facebook. Toutes ces informations personnelles (santé, transactions, navigation…), seront un jour interconnectées. Des algorithmes seront capables de traquer les anormalités, de repérer ceux qui