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Libération
Critique

Hervé Guibert, forts intérieurs

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Vingt ans après sa mort, rétrospective à la Maison européenne de la photographie dans l’intimité de l’écrivain.
Hervé Guibert, Autoportrait, New York, 1981. (Christine Guibert)
publié le 14 mars 2011 à 0h00
(mis à jour le 14 mars 2011 à 17h01)

Dans le Seul Visage, son premier livre de photographies au sens strict - si on excepte le «roman-photo» sur ses grand-tantes Suzanne et Louise -, Hervé Guibert écrivait : «Je ne fais qu'une chose - et c'est une chose énorme je crois, c'est en tout cas le but de toute mon activité, de toute ma prétention créatrice - témoigner de mon amour.» Vingt ans après sa mort, à l'âge de 36 ans, la charge affective, à travers ses textes et clichés, reste intacte et la cohésion de l'œuvre photographique - toujours en noir et blanc - indéniable.

Portes, cadres, fenêtres, miroirs, voiles : ces éléments, constants dans les images, pourraient constituer un sésame pour entrer dans ce territoire de l'intime, celui de l'écriture, du dévoilement de soi que Guibert a exploré jusqu'au bout. Jusqu'à ce film réalisé avec un grand courage, la Pudeur et l'Impudeursur sa vie de malade du sida et sa marche vers la mort.

Amoureux. Rue de Vaugirard, rue du Moulin-Vert, Villa Médicis, rue Raymond-Losserand, Santa Catarina, la maison de l'île d'Elbe… Hervé Guibert habite, les lieux à Paris et ailleurs, d'une façon qui lui est totalement singulière, d'ombres, de rais de lumières, de souffles d'air. Emménagement rue du Moulin-Vert montre le bas d'une porte d'appartement vue de l'intérieur, avec verrou et barre de sécurité, un parquet ancien sur lequel se projette une fenêtre, un tableau à terre qui représente un jeune homme qui lui ressemble, d'une facture qui