Il reste une semaine pour voir au Centre Pompidou l’exposition consacrée à ce prédicateur de l’abstraction qu’était Piet Mondrian. La première partie, enthousiasmante, parvient à résumer son itinéraire par des dessins d’arbre, qui deviennent écheveaux de lignes brisées. En 1910, il peint un tableau saisissant d’une ramure filant à l’horizontal vers l’infini, d’autres branches poussant vers les cieux. En 1912, ce sont des essais cubisants d’un fouillis de branches cassées.
Rigoureux. On suit ainsi un parcours partagé entre les Pays-Bas et Paris, où le peintre part à la rencontre du cubisme pour gagner un dépouillement des formes, mais gardant toujours en tête la référence à la nature. Intellectuel rigoureux, il entend donner corps à un propos mystique. Dans le catalogue, Arnauld Pierre cite ainsi une source essentielle, en la personne du peintre médium Humbert de Superville, qui voulait définir les «signes linéaires et colorés» permettant le renouveau spirituel d'une «peinture schématique». Presque un siècle avant le mouvement De Stijl, dont Mondrian a été la figure de proue, il proposait de revenir à la schématisation du vitrail. Il se servait des mouvements de la bouche pour transcrire dans les arts autant de «signes sensibles».
Ainsi : sourire égale obliques vers le haut, désir vital, rouge. Ou encore : horizontal égale recueillement, équilibre, blanc, sainteté. Revoir alors les arbres susmentionnés. Dans sa «nouvelle plastique», M