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Libération
Critique

Bernard Heidsieck, rappeur avant l’heure

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Expo . La Villa Arson de Nice rend hommage au poète sonore français.
publié le 18 avril 2011 à 0h00
(mis à jour le 18 avril 2011 à 15h36)

Voix puissante et souffle du cœur, tout surprend chez Bernard Heidsieck, né en 1928, l’un de nos poètes les moins méconnus, organisateur du premier Festival de poésie sonore à l’Atelier Annick Le Moine en 1976. Après le fouet du surréalisme, il est l’homme de la réconciliation entre mots, sens et sons, passés à la centrifugeuse de l’existence et livrés au public en jus de fruits vitaminé.

Souvent primé, il est aujourd'hui honoré à la Villa Arson de Nice, écrin d'art ouvert à toutes formes de rébus esthétique, dont Poésie Action, chère à Heidsieck. Y sont présentés quinze pièces sonores et cinq films tournés par ses proches à partir de ses textes, dont le Carrefour de la Chaussée d'Antin (1972), super-huit de Françoise Janicot, qui chahute la consommation et «les minauderies de la société».

Diction. «Donner à voir le texte entendu», écrit-il, pour prolonger ces lectures qu'il enregistre en studio ou public et dont on sent vibrer la présence. Aussitôt entendue, sa voix ne vous quitte plus, sa diction fluide collant à la peau, tel cet extrait de Canal Street n°20 : «Je t'écoute/ écoute-moi bien/il faut bien s'entendre/n'y reviens pas/aide-moi/confidence pour confidence.» Il a une façon d'observer le quotidien et d'en briser le rythme, rappeur avant l'heure ; ainsi la Poinçonneuse (1970), et cette phrase scandée à l'infini : «Comme chaque matin/il lui tendit son ticket de métro.»

Avec son magné