Eric Mézil dirige la collection d’art contemporain d’Yvon Lambert, qui célébrait ses dix années de présence à Avignon.
«Il ne peut être question pour nous de céder à une injonction moyenâgeuse. Dès mardi, le public pourra apprécier la barbarie commise par les extrémistes. Cette œuvre a fait le tour du monde. Nous l’avions nous-mêmes présentée en 2006. Elle servait de couverture au catalogue de l’exposition, qui a ouvert il y a quatre mois. Elle a fait l’objet d’une campagne d’affichage, sans réactions.
Pourquoi maintenant ? Me demandez-vous. Tout a commencé par le discours du Puy-en-Velay de Sarkozy (1), quand il a parlé de "Croisade". Clairement - on l'a vu dans la manif de samedi -, une frange catholique a voulu prendre le Président au mot avec des injonctions extrêmement violentes. La tension est montée par paliers. Cela a commencé par des insultes adressées à des employés du musée d'origine maghrébine. Une jeune gardienne s'est entendue dire : "Je vais verser de la pisse d'âne sur ton Coran."
«Nous avons reçu des milliers d'appels et de mails. Des spams ont bloqué notre système. Le personnel est très choqué, et encore davantage avec l'agression physique d'hier. Un des mails parlait de "plonger le livre d'Anne Frank dans l'urine". Les victimes de l'Holocauste, le Coran, une œuvre d'art qui n'a rien de blasphématoire… On mélange tout et n'importe quoi sur fond de racisme et d'antisémitisme. La mairie, la région, qui versent des subventions, ont fa