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Interview

Andres Serrano «Je n’ai aucune sympathie pour le blasphème»

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Andres Serrano réagit pour «Libération» à la dégradation de deux de ses clichés à Avignon.
Andres Serrano devant «Piss Christ». (AFP)
publié le 19 avril 2011 à 0h00
(mis à jour le 19 avril 2011 à 11h55)

Andres Serrano est un artiste photographe new-yorkais de 60 ans, internationalement reconnu, qui a été très marqué par l’éducation catholique reçue dans sa famille originaire du Honduras et des Caraïbes. Travaillant par séries, il a beaucoup utilisé les sécrétions humaines dans son œuvre, le sang, les larmes, le sperme, mais aussi le lait maternel dans lequel il a fait baigner une Vierge à l’enfant dans la même séquence que Piss Christ. Certains de ses clichés de la série «Morgues», focalisant sur des visages, des mains ou des sexes de cadavres ou de corps brûlés, sont difficilement supportables.

Jouant de la provocation figurative sur les corps, le sexe et la mort, il a été dans les années 80, avec son confrère Robert Mapplethorpe, un des artistes les plus attaqués aux Etats-Unis lors de ce qui fut appelé «les guerres de la culture». Les fondamentalistes protestants avaient alors bataillé contre tout financement public à des formes d’expression jugées contraires au christianisme, avec succès puisqu’ils avaient obtenu un net recul des subventions publiques, déjà maigrelettes, et un surcroît d’autocensure.

En exclusivité pour Libération, l'artiste réagit à la destruction, dimanche par un groupe intégriste, de deux de ses œuvres, dont Piss Christ, au musée d'art contemporain de l'hôtel de Caumont, à Avignon, qui accueille la collection Lambert.

Quel sentiment avez-vous eu dimanche en apprenant cette agression ?

Je trouve cela extrêmement triste, et inattendu. Franchement, je ne m’y attendais absolument pas, s