Entre art brut et témoignage sur le vif se tient Cao Guimarães, né en 1965 à Belo Horizonte (Brésil), où il vit encore aujourd’hui. Plutôt connu pour son cinéma, ce Brésilien multimédia présente sa première exposition personnelle à Paris, quarante photographies et quelques courts métrages, parmi la vingtaine qu’il a réalisés depuis l’aube des années 90.
Sopro («souffle», 2000) est une bonne introduction à cette œuvre déroutante et gorgée de poésie. L'on y suit une bulle qui se faufile sur un paysage de l'Etat du Minas Gerais, sans éclater, comme s'il était impossible d'arrêter le lent mouvement du monde. Preuve sensorielle de la continuité des choses, Sopro touche par sa simplicité, si rare chez les artistes contemporains qui aiment se lancer des défis et se donner des airs de conquistador.
«Philosophe». Nul besoin de bouclier guerrier chez Cao Guimarães, «philosophe du précaire» qui s'arrête sur «de menus faits ordinaires sans la moindre arrière-pensée, sans message crypté», insiste Veronica Cordeira, commissaire de cette exposition originale. Tourné en Amazonie, Da janela do meu quarto («de la fenêtre de ma chambre», 2004) montre deux enfants qui s'amusent sous la pluie, tombant et se relevant dans la boue, indéfiniment. Chutes des corps, chutes d'eau, éternel chahut. Le temps est l'allié de l'artiste brésilien, amplificateur d'une réalité sociale qu'il ne cesse de photographier pour mieux surprendre.
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