Le 4 décembre 1926 : Vassily Kandinsky a 60 ans. Il reçoit de Marc Chagall, qui n'en a pas 40, une lettre aux formes cyrilliques : «Rare Russe ayant acquis la liberté en art et qui en profite même éloigné. Vous êtes le seul que l'on respecte et que l'on aime aujourd'hui jusqu'au bout.» L'enfant de Vitebsk (Biélorussie) parle au Moscovite, devenu maître du Bauhaus. L'exposition «Chagall et l'avant-garde russe» du Musée de Grenoble révèle combien le peintre, mort en 1985 à Saint-Paul-de-Vence, a cultivé ses racines.
Le directeur du musée, Guy Tosatto, travaille, comme pour Gaston Chaissac en 2009-2010, les mains dans l’histoire. Il a suivi Chagall d’est en ouest, avec la complicité du Musée national d’art moderne. Beaubourg, qui n’avait pas associé Grenoble à son programme «Hors-les-murs» à la fin des années 90, a dépêché au pied des Alpes 150 œuvres de son fonds russe.
«Dialogue».La promenade lie 24 noms à celui de Chagall : Natalia Gontcharova, Mikhail Larionov, Kasimir Malevitch, Vladimir Tatline, Alexandre Rodtchenko et Kandinsky bien sûr. D'autres moins connus : «Je ne voulais pas faire de rétrospective Chagall. La possibilité d'instaurer un dialogue avec l'avant-garde russe m'a convaincu.» De l'inédit avec des grands classiques, voilà qui place Tosatto à cent lieues de Paris, où l'événement est maître-mot. Le commissaire est exigeant et poursuit avec cette exposition un cycle de recherches débuté en 1984 par Jean-Claude Marcadé.
La premièr