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Libération

Boltanski ouvre un casino

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Biennale de Venise. Choisi pour représenter la France à la Mecque de l’art contemporain, l’artiste livre «Chance», une œuvre-jeu critique où le hasard impose sa loi.
publié le 3 juin 2011 à 0h00
(mis à jour le 3 juin 2011 à 13h13)

«C'est le hasard si je me retrouve à Venise, constate non sans plaisir Christian Boltanski. Une vraie loterie, cette histoire de pavillon pour la Biennale. Nombre d'artistes majeurs n'ont jamais eu cette chance. Morellet, par exemple, pourtant l'un des meilleurs peintres français.» Le hasard, en effet, car c'est le pavillon allemand qu'aurait dû occuper Boltanski. Il le convoitait et avait suggéré l'idée, en vertu d'accords d'échange passés au temps et au nom de la réconciliation entre les deux peuples, mais jamais appliqués. Il en avait rêvé, mais l'artiste allemand pressenti par ses autorités a décliné : «Nein, danke.» «Il est mort huit jours après», ajoute Boltanski l'œil presque malicieux. Dommage, le voir, en plein débat sur la binationalité, endosser le maillot de la Mannschaft, cela aurait eu fière allure. Ce sont donc les couleurs françaises qu'il porte pour cette 54e biennale de Venise. Et si ce petit parfum nationaliste l'agace un peu, il défend sans ironie aucune le principe quasi-coubertien de ces JO de l'art contemporain qui permettent, c'est l'essentiel, à tous les pays, même les plus petits, de participer.

Grand huit.Chance occupe méthodiquement les quatre chambres du pavillon français. Au centre, la plus vaste est saturée d'échafaudages tubulaires courants, structure destinée à faire circuler, sur le principe d'une rotative de presse, un long ruban composé de visages de nourrissons. A pei