Si vous venez à Venise dans les mois qui viennent, allez voir le palais Fortuny, qui porte le nom d’un peintre et décorateur d’origine catalane qui a légué son palazetto à la ville. Celui-ci est un petit musée en soi, qui a gardé non seulement les peintures mais aussi l’accumulation étouffante de rideaux, tapisseries orientales et céramiques qui faisait le décor de l’atelier et de la maison de l’artiste. A chaque biennale, depuis six ans, le marchand belge Axel Vervoordt y présente le cabinet de curiosités dont il a fait à la fois sa passion et son business. Au fur et à mesure, les objets circulent et les oeuvres changent. Cette fois l’exposition tourne autour du vide.
Il y a toujours dans ses échantillons un côté capharnaüm sympathique, réservant des surprises de toute beauté, même si l’on peut avoir le sentiment que la formule fatigue un peu. Le vrai petit vent de folie souffle sur le côté de l’église San Stae, où s’est installé un artiste de Taïwan. Le musée d’art contemporain de Taïpei a donné carte blanche à un grand cuisinier et photographe, Hsieh Chun-Te, qui réalise deux fois par jour une des performances les plus étonnantes qu’ait jamais produites la Biennale, pourtant riche en délires. Dominique Païni, l’historien du cinéma français qui a servi de commissaire, en est encore tout secoué. L’artiste a planté quelques grains de riz.
Le concept du concept
Au coeur du dispositif, il sert un repas, qu’il a concocté sur place. C’est de l’art food. Des lamelles de boutargue sous une mince tranche