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Libération
Critique

Visions de l’Inde à l’autre

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Art . Entre Lyon et Paris, deux expositions rapprochent le regard d’artistes occidentaux et indiens sur le pays.
Memory Drawing (2008) de Nikhil Chopra. (Blaise Adilon)
publié le 7 juin 2011 à 0h00
(mis à jour le 7 juin 2011 à 19h26)

C’est bizarre. On se rend au centre Pompidou pour essayer de rejoindre New Delhi et on se retrouve dans un TGV pour Lyon. Sans doute parce que l’exposition dans cette ville s’intitule «Indian Highway IV», autoroute indienne, et que celle de Paris, plus en forme d’impasse, n’est que l’apéritif de la première.

Les deux présentent, à peu près, les mêmes artistes (dont l'inévitable star Subodh Gupta), nés dans les années 60 et 70, mais dans des perspectives presque opposées. L'une et l'autre ont, au cœur de leur propos, le désir d'Inde du visiteur, les clichés qu'il a en tête et les contre-clichés à l'aide desquels il tente de ne pas être un Occidental bouché. L'affiche de Pompidou, reproduisant une sculpture de Ravinder Reddy, Tara, est un peu le visage monumental de ce vertige postcolonial : une représentation traditionnelle offerte à la lecture kitsch de l'Occident.

A Lyon, Thierry Raspail, le directeur du Musée d'Art contemporain, ouvre le catalogue par cette question : «Qu'est-ce qu'une histoire qui échapperait à l'européano-centrisme et aux orientalismes de toutes origines ? Et une expo ?» Réponse : «C'est probablement quelque chose comme un exercice de réciprocité. […] Nous appellerons cela "Partage d'exotismes".»

«Indian Highway» est itinérante : créée à la Serpentine Gallery de Londres en 2009, elle est passée par Oslo et ira à Rome et Moscou, entre autres, se modifiant d’un lieu à l’autre : ici, donc, la quatrième version, d’où le chiffre romain