Le lion d’or, récompense suprême de la biennale d’art contemporain, a été donné au réalisateur Christoph Schlingensief. Une des particularités, qui n’a pas dû échapper au jury, est que l’artiste en question est décédé avant que son montage ne voie le jour. Il est mort en août dernier, à 49 ans, d’un cancer du poumon, alors qu’on venait juste de lui proposer le pavillon. La commande a été maintenue: on est dans l’hommage et la fidélité. Cette obscure et touffue chapelle funéraire a donc été réalisée par sa veuve, l’artiste Aino Laberenz, à partir des éléments de sa vie et de ses décors. Son époux était tout à la fois plasticien, cinéaste, comédien et metteur en scène de théâtre.
Créateur très précoce, il enseignait aussi le cinéma à Dusseldorf. C'était un grand provocateur. Il a notamment balancé sur le festival de Bayreuth, quatre années de suite, pour illustrer Parsifal, sur fond de projections d'images d'un corps de lapin décomposé, un fatras de miradors et de barbelés, de danse nègre et de temple oriental, d'images pop inspirées de Warhol ou Duchamp, de textes graffités à la Basquiat, installation plutôt que mise en scène dans laquelle courait un lapin vivant. Aujourd'hui, c'est définitif, le lapin est mort, et il est posé dans ce pavillon sur l'autel funéraire de la sinistre mise en scène inspirée de ses mises en scène.
Eléments de sa vie et de ses décors
Le bâtiment n'est pas neutre puisqu'il a été construit dans le style architectural des années quarante, au moment où l'Italie et l'Allemagne étaie