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Bernar Venet. La grâce à Versailles

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Longtemps snobé en France, ce sculpteur âgé de 70 ans, expose son œuvre dans les jardins du château. Parcours atypique de cet artiste plasticien obstiné.
publié le 4 juillet 2011 à 0h00
(mis à jour le 4 juillet 2011 à 11h25)

Les ingénieurs, fondeurs, grutiers et camionneurs mobilisés sur la place d'Armes, à Versailles, sont venus à bout de sa sculpture monumentale : 16 arcs d'acier Corten de 60 tonnes dont certains culminent à 22 mètres au-dessus de la statue équestre de Louis XIV. Pour flatter le goût des autochtones, l'artiste a déclaré qu'il avait offert au Roi Soleil une couronne de lauriers digne des empereurs romains. «Venet vidi vici» ! Bernar Venet. Lui qui n'a pas connu l'imperator, était l'ami de César, sculpteur et compresseur en chef. On les voit tous deux sur les photos d'archives des Nouveaux Réalistes avec Arman, Pierre Restany et Raymond Hains. C'était la vie française de Bernar Venet, avant son départ à New York en 1966. De l'autre côté de l'Atlantique, ses arches ont aussi capturé de jolis spécimens : des fêtes avec Andy Warhol, une rencontre avec Marcel Duchamp, la gloire avec Franck Stella et les minimalistes. Honoré par les critiques américains, propulsé par les musées allemands, adulé par le marché coréen, il n'y a qu'en France qu'on a boudé l'expatrié. «On m'a vraiment fait la gueule pendant longtemps !»

Il était une fois l'enfant Venet, venu au monde en 1941 dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Château-Arnoux, un «village sans mairie» administré par la cité voisine. Il a des frères, une mère aimante et lui, pauvre brindille qui plie sans rompre à l'aérium de Saint-Raphaël où il va pour colmater ses bronches. A 11 ans, l'asthmatique partage le destin de tou