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Libération

Epure et magma d’Internet

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A Arles se croisent classiques exhumés et flux d’images du Web.
publié le 8 juillet 2011 à 0h00

A l’opposé des images saturées de vie et de mort de Metinides (lire ci-contre), on peut contempler à Arles celles, remarquablement vides et statiques, de la Canadienne Lynne Cohen, exposées dans la section «Points de vue». Ces neuf tirages de grand format, datant pour la plupart de 2007 et 2011, montrent des murs, des sols et quelques rares meubles. Jamais un être vivant, ou mort. Le plaisir que l’on éprouve en les regardant est celui du gong ébranlé par un coup de masse : elles viennent en faire résonner d’autres, que l’on porte en nous et que l’on avait oubliées.

Usages. La capacité d'évocation des images de Lynne Cohen ne sera évidemment pas la même chez chaque spectateur. Peut-être y en a-t-il même que ce vertige du vide laissera indifférent. C'est d'ailleurs le propre de beaucoup des expositions des Rencontres d'Arles : la radicalité des regards de la Mexicaine Graciela Iturbide ou de Chris Marker, par exemple, peut laisser parfaitement froids, ou enthousiasmer. De même que peut dérouter ou stimuler l'expérience «From Here On» (A partir de maintenant), collection de travaux d'artistes nourris par le flot d'images déferlant sur Internet et dégoulinant des téléphones portables. Ce magma numérique est assurément un matériau susceptible de faire naître des usages nouveaux, mais il n'est pas sûr qu'il dessine une perspective très enthousiasmante pour la photographie.

Le tri a été fait, non sans courage, par Clément Chéroux, Joan Fontcuberta, Erik Kessels, Mart