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Libération
Critique

«Aveux» bienvenus

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En 1930, la photographe publie un recueil en forme de patchwork littéraire.
publié le 14 juillet 2011 à 0h00

Le mot, l'image. Les formules littéraires ne manquent pas dans les photographies de Claude Cahun, y compris en anglais et sur ce tee-shirt autobiographique qui semble, en creux, annoncer le body art d'Orlan : «I am in training, don't kiss me.» On est à une époque de refonte des genres, fonctionnement réel de la pensée sur tous supports. Et «mademoiselle Claude Cahun», comme l'appelle Mac Orlan quand il préface son livre le plus important, Aveux non avenus (1930), est la nièce de Marcel Schwob : elle ne peut donc démériter dans l'écrit.

Elle fréquente la librairie d'Adrienne Monnier, est une amie de Michaux, Crevel, Desnos… Les Aveux non avenus sont faits de morceaux, dialogues, aphorismes : «Pécher avec préméditation. - Criez-vous en vous masturbant ? - Non, mon Père, je prie.» Il y a de la provoc et beaucoup de recherche, de soi, des autres, avec un remords blasé de sa propre ineptie (car on est toujours «non avenu») : «A 7 ans je cherchais déjà sans le savoir, avec la hardiesse stratégique et l'impuissance motrice qui me caractérisent, l'aventure sentimentale.» Il faudrait pouvoir «ne voyager qu'à la proue de [s]oi-même». On ne peut pas. Il y a heureusement l'aimée, Suzanne Malherbe, à qui Cahun s'adresse en filigrane de ces Aveux… et qui la tire vers le meilleur : «Vous avez l'art de me faire agir inconsidérément, prononcer des mots que mes lèvres réprouvent - en sorte que je reste étonnée