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Libération
Critique

Claude Cahun, photo d’identités

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Caméléon. A Paris, le Jeu de paume expose une rétrospective de l’artiste surréaliste et de ses métamorphoses sexuées.
Autoportrait, vers 1929, Claude Cahun. (RMN / Gérard Blot)
publié le 14 juillet 2011 à 0h00
(mis à jour le 15 juillet 2011 à 11h41)

Presque vingt ans après son apparition à l'antenne parisienne de la galerie Zabriskie, alors au 37 rue Quincampoix, Claude Cahun a les honneurs du Jeu de paume. En 1992, placées sous vitrine, les miniatures de cette artiste inclassable étaient passées inaperçues, à peine deux ou trois échos dans la presse. Aujourd'hui, son héritage est perceptible dans de nombreux domaines, de la mode à la publicité, comme si «la mutante héroïque», ainsi que la nommait Michèle Causse (1), était en voie de reconnaissance, y compris par ceux qui s'agaçaient hier de son anticonformisme affiché. Un destin mythologique pour une voix unique : «Je ne crois qu'à ce que je veux.»

Fardées. Née Lucy Schwob à Nantes le 25 octobre 1894 («Un scorpion s'est retourné dans le ventre de ma mère») et morte à Saint-Hélier, Jersey, le 8 décembre 1954 (arrêt cardiaque), Claude Cahun - qui invente son pseudonyme en 1917 - reste difficile à saisir dans son entière étrangeté. Ecrits, photos, correspondances, il y a tant… Tout est passionnant, et, dans le même temps, tout se décompose, tant elle a su s'échapper des carcans et autres obligations ordinaires pour (dé)construire, non seulement son présent mais aussi son image.

Au Jeu de paume sont accrochés ses autoportraits, des tout premiers, tête rasée (1919, air de matelot), aux derniers réalisés après-guerre avec sa compagne, Suzanne Malherbe, lorsqu'elle s'engage sur le Chemin des chats, vers 1949. Cette t